lundi 26 décembre 2011

Pourquoi frapper de la monnaie à l'ancienne.


Pourquoi frapper de la monnaie à l’ancienne ?

Pour moi cela débute par une fascination d’enfance, un rêve, juste pour la beauté du geste, peut-être aussi pour avoir des sous et pareillement à Farinet [célèbre faux monnayeur du XIXe siècle en Valais, Suisse] l’offrir aux amis et nécessiteux dans un idéal de générosité. Comme nombre d’enfants, j’ai bien essayé de copier des monnaies avec du papier d’aluminium; puis, dans la cave, en coulant du plomb, mais, cela restait grossier et peu satisfaisant.

Vers mes 10 ans, je m’intéressais aux quelques monnaies antiques de la collection paternelle. Dès l’âge de 14 ans, le plaisir de les découvrir dans des fouilles archéologiques me combla et ne m'a pas quitté, presque 30 ans plus tard.


Enfin, l'âge légal (14 ans) pour mes premières fouilles archéologiques. Martigny, jardins de la Fondation Pierre Gianadda, été 1983.

Cependant, près de vingt-cinq ans après les premiers essais, l’idée d’en refaire devint impérative. Documentations, recherches, observations de pièces et cogitations m’ont fait franchir le pas de tenter de reproduire l’outillage antique nécessaire à mes expérimentations et à mon plaisir. Chaque résultat me poussa à mener des améliorations jusqu’à parvenir à une certaine satisfaction. Ce bonheur solitaire, éprouvé des centaines de fois, se devait pour être partagé de trouver un public. Ce fut d’abord mes enfants, puis ceux des amis, ensuite la foule du Festival celtique de Corbeyrier, sur Aigle, dans le canton de Vaud. Depuis, des milliers de monnaies ont rejoint les trésors des jeunes et moins jeunes clients de l’Atelier Ciel & Terre.

Tests de faisabilité, dans le jardin, avec mon fils de 6 ans.

L’animation de la frappe monétaire de l’Atelier Ciel & Terre remporte un vif succès auprès des enfants et des adultes. Le jeune ne se contente pas de voir, il veut absolument frapper une monnaie, avec un vrai marteau sur du véritable métal et tout seul, avec moi. Observer la concentration, l’étonnement et la fierté des enfants qui emportent les monnaies qu’ils viennent de frapper sont pour moi un énorme plaisir. Quelque chose passe entre nous, je suis un médiateur entre le passé antique (auquel, pour eux j’appartiens déjà) et l’avenir qu’ils représentent et qui m’échappe assurément un peu. La notion de « c’est moi qui l’ai faite ! » est capitale et très valorisante pour les enfants.

J’aime particulièrement le contact avec les écoliers, y compris les plus petits, qui ne savent pas très bien si les Gaulois ou les Romains sont autres que les chevaliers du Moyen-Age. Aux tous petits, j’explique que c’est bien plus vieux que leurs grands-papas, là, ils comprennent et impressionnés, parfois, ils me répondent songeurs : alors, ça, c’est très vieux ! Cela m’inquiète un peu, car leurs grands-papas ont souvent moins de vingt années de plus que moi !

Dans les ateliers d'animations de l'Atelier Ciel & Terre pour les groupes, le participant peut aussi "voir avec les mains", c'est-à-dire toucher de l'authentique, de l'antique, pour de vrai. Une expérience nouvelle pour le public et riche en sensations (poids, chaleur, émotion, etc.). D'autres animations archéologiques se déroulent sous la forme de démonstrations, le public regarde, écoute et n'est pas invité à faire, il reste de l'autre côté. Une des grandes forces de l'Atelier Ciel & Terre est de faire travailler, expérimenter le public et d'inviter les enfants à participer, à passer la barrière et à devenir quelques instants un animateur.

Simplement, j’ai concrétisé l’un de mes rêves d’enfant. Maintenant les petits viennent s’initier avec moi à la frappe monétaire, ils emportent chacun la pièce qu'ils ont frappée, ... support à bien de nouveaux songes. Nul doute que parmi tous les frappeurs de l’Atelier Ciel & Terre, certains poursuivront un jour, un rêve, d’enfant …







Frappes de quinaires gaulois avec le public du Vully Celtic, été 2007.


Quelques experts trouvent mes répliques expérimentales très vraies, trop belles, … critique fondée, mais plaisante. D’autres ont compris que j’avais pris de bonnes précautions pour éviter la confusion des professionnels entre antique et réplique ; ils apprécient qu’une copie de monnaie ne soit pas en chocolat, pâte à sel, pâte à modeler, plastique ou plâtre, mais bien en métal frappé, sonnant et trébuchant.

La recherche de l’authenticité représente un idéal et une ligne de conduite importante pour les animateurs et médiateurs culturels de l’Atelier Ciel & Terre.

La magie de l'instant de la frappe. Même après plusieurs milliers de pièces frappées, je conserve un plaisir tout neuf, comme un enfant !



Quelques coupures de presse:





La Liberté, 31 août 2007.




Ci-dessous un extrait d'un article de Cécile Prébandier paru dans l'Auditoire, journal des étudiants de Lausanne (UNIL-EPFL), le 4 juillet 2010. Cf: http://www.auditoire.ch/spip.php?article1518

Le Festival du Loup à Corbeyrier : une expérience unique
Reportage de L’auditoire au festival celtique

[...] En face, on prépare de la bière artisanale, sculpte, taille, bat de la monnaie. Les enfants se bousculent devant les stands. J’ai même la chance de pouvoir battre moi-même une pièce de monnaie. Cette activité est normalement réservée aux enfants, mais la carte presse attachée à ma veste semble m’ouvrir quelques portes. Alain Besse, le spécialiste du stand, raconte qu’il espère transmettre son rêve d’enfant : faire des monnaies. Ayant commencé dans son garage à vélo, ce restaurateur d’œuvre d’art au franc parlé m’explique comment il a, 20 ans plus tard, concrétisé son rêve. Après avoir participé à des fouilles à Sion, il a décidé de s’équiper en outils traditionnels pour réaliser lui-même ses copies de pièces antiques. A voir le sourire et l’excitation des enfants prenant part à l’atelier, la mission est accomplie !

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