Pourquoi
frapper de la monnaie à l’ancienne ?
Pour moi cela
débute par une fascination d’enfance, un rêve, juste pour la beauté du geste,
peut-être aussi pour avoir des sous et pareillement à Farinet [célèbre faux
monnayeur du XIXe siècle en Valais, Suisse] l’offrir aux amis et nécessiteux
dans un idéal de générosité. Comme nombre d’enfants, j’ai bien essayé de copier
des monnaies avec du papier d’aluminium; puis, dans la cave, en coulant du
plomb, mais, cela restait grossier et peu satisfaisant.
Vers mes 10 ans,
je m’intéressais aux quelques monnaies antiques de la collection paternelle.
Dès l’âge de 14 ans, le plaisir de les découvrir dans des fouilles
archéologiques me combla et ne m'a pas quitté, presque 30 ans plus tard.
Enfin, l'âge légal (14 ans) pour mes premières
fouilles archéologiques. Martigny, jardins de la Fondation Pierre Gianadda, été
1983.
Cependant, près
de vingt-cinq ans après les premiers essais, l’idée d’en refaire devint
impérative. Documentations, recherches, observations de pièces et cogitations
m’ont fait franchir le pas de tenter de reproduire l’outillage antique
nécessaire à mes expérimentations et à mon plaisir. Chaque résultat me poussa à
mener des améliorations jusqu’à parvenir à une certaine satisfaction. Ce
bonheur solitaire, éprouvé des centaines de fois, se devait pour être partagé
de trouver un public. Ce fut d’abord mes enfants, puis ceux des amis, ensuite
la foule du Festival celtique de Corbeyrier, sur Aigle, dans le canton de Vaud.
Depuis, des milliers de monnaies ont rejoint les trésors des jeunes et moins
jeunes clients de l’Atelier Ciel & Terre.
L’animation de la
frappe monétaire de l’Atelier Ciel & Terre remporte un vif succès auprès
des enfants et des adultes. Le jeune ne se contente pas de voir, il veut
absolument frapper une monnaie, avec un vrai marteau sur du véritable métal et
tout seul, avec moi. Observer la concentration, l’étonnement et la fierté des
enfants qui emportent les monnaies qu’ils viennent de frapper sont pour moi un
énorme plaisir. Quelque chose passe entre nous, je suis un médiateur entre le
passé antique (auquel, pour eux j’appartiens déjà) et l’avenir qu’ils
représentent et qui m’échappe assurément un peu. La notion de « c’est moi qui
l’ai faite ! » est capitale et très valorisante pour les enfants.
J’aime
particulièrement le contact avec les écoliers, y compris les plus petits, qui
ne savent pas très bien si les Gaulois ou les Romains sont autres que les
chevaliers du Moyen-Age. Aux tous petits, j’explique que c’est bien plus vieux
que leurs grands-papas, là, ils comprennent et impressionnés, parfois, ils me
répondent songeurs : alors, ça, c’est très vieux ! Cela m’inquiète un peu, car
leurs grands-papas ont souvent moins de vingt années de plus que moi !
Dans les ateliers
d'animations de l'Atelier Ciel & Terre pour les groupes, le participant
peut aussi "voir avec les mains", c'est-à-dire toucher de
l'authentique, de l'antique, pour de vrai. Une expérience nouvelle pour le
public et riche en sensations (poids, chaleur, émotion, etc.). D'autres
animations archéologiques se déroulent sous la forme de démonstrations, le
public regarde, écoute et n'est pas invité à faire, il reste de l'autre côté.
Une des grandes forces de l'Atelier Ciel & Terre est de faire travailler,
expérimenter le public et d'inviter les enfants à participer, à passer la
barrière et à devenir quelques instants un animateur.
Simplement, j’ai
concrétisé l’un de mes rêves d’enfant. Maintenant les petits viennent s’initier
avec moi à la frappe monétaire, ils emportent chacun la pièce qu'ils ont
frappée, ... support à bien de nouveaux songes. Nul doute que parmi tous les
frappeurs de l’Atelier Ciel & Terre, certains poursuivront un jour, un
rêve, d’enfant …
Frappes de quinaires gaulois avec le public du Vully
Celtic, été 2007.
Quelques experts
trouvent mes répliques expérimentales très vraies, trop belles, … critique
fondée, mais plaisante. D’autres ont compris que j’avais pris de bonnes
précautions pour éviter la confusion des professionnels entre antique et
réplique ; ils apprécient qu’une copie de monnaie ne soit pas en chocolat, pâte
à sel, pâte à modeler, plastique ou plâtre, mais bien en métal frappé, sonnant
et trébuchant.
La recherche de l’authenticité représente un idéal et une ligne
de conduite importante pour les animateurs et médiateurs culturels de l’Atelier
Ciel & Terre.
La magie de l'instant de la frappe. Même après
plusieurs milliers de pièces frappées, je conserve un plaisir tout neuf, comme
un enfant !
Quelques coupures de presse:
Ci-dessous un extrait d'un article de Cécile Prébandier paru dans l'Auditoire, journal
des étudiants de Lausanne (UNIL-EPFL), le 4 juillet 2010. Cf: http://www.auditoire.ch/spip.php?article1518
Le Festival du Loup à Corbeyrier : une expérience unique
Reportage de
L’auditoire au festival celtique
[...] En face, on prépare de la bière artisanale, sculpte, taille, bat de
la monnaie. Les enfants se bousculent devant les stands. J’ai même la chance de
pouvoir battre moi-même une pièce de monnaie. Cette activité est normalement
réservée aux enfants, mais la carte presse attachée à ma veste semble m’ouvrir
quelques portes. Alain Besse, le spécialiste du stand, raconte qu’il espère
transmettre son rêve d’enfant : faire des monnaies. Ayant commencé dans son
garage à vélo, ce restaurateur d’œuvre d’art au franc parlé m’explique comment
il a, 20 ans plus tard, concrétisé son rêve. Après avoir participé à des
fouilles à Sion, il a décidé de s’équiper en outils traditionnels pour réaliser
lui-même ses copies de pièces antiques. A voir le sourire et l’excitation des
enfants prenant part à l’atelier, la mission est accomplie !
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